- LA VIEILLESSE
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Viennent les ans! J'aspire
cet âge sauveur
Où mon sang coulera plus
sage dans mes veines,
Où des plaisirs pour moi
n'ayant plus de sauveur,
Je vivrai doucement avec mes
vieilles peines.
Quand l'amour, désormais
affranchi du baiser,
Ne me brûlera plus de sa
fièvre mauvaise
Et n'aura plus en moi
d'avenir à briser,
Que je m'en donnerai de
tendresse à mon aise!
Bienheureux les enfants
venus sur mon chemin !
Je saurai transporter dans
les buissons l'école;
Heureux les jeunes gens dont
je prendrai la main!
S'ils s'aiment, je saurai
comment on les console.
Et je ne dirai pas C'était
mieux de mon temps
Car le mieux d'autrefois
c'était la jeunesse;
Mais je m'approcherai des
âmes de vingt ans
Pour q'un peu de chaleur en
mon âme renaisse
Pour vieillir sans déchoir,
ne jamais oublier
Ce que j'aurai senti dans
l'âge où le coeur vibre,
Le beau, l'honneur, le droit
qui ne sait pas plier,
Le juste au tombeau penser
en homme libre.
Et vous, oh! Quel poignard
dans ma poitrine ôté,
Femmes, quand du désir il
n'y sera plus traces,
Et qu'alors, je pourrai ne
voir dans la beauté
Que le dépôt en vous du mule
pur des races!
Puis-je ainsi m'asseoir au
faite de mes jours
Et de contempler la vie,
exempte enfin d'épreuves,
Comme du haut des monts on
voit les grands détours
Et les plis tourmentés des
routes et des fleuves!
- - Chantal -
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